18 août 2023

DEUS : Instant street


Acquis par correspondance via Discogs en août 2023
Réf : CID 742 / 572 553-2 -- Édité par Island en Europe en 1999
Support : CD 12 cm
Titres : Instant street (Radio edit) -- Sam Peckinpah's daughter -- You can't deny what you liked as a child

Les CD distribués aux abonnés des magazines, ça va ça vient, mais le plus souvent c'est vite écouté vite oublié. C'est le cas ces dernières années pour ceux de Mojo ou Uncut. Au mieux, j'y pêche un titre pour mes compilations, ou je vais chercher quelques infos complémentaires ou voir une vidéo.
Mais certains de ces CD m'ont plus marqué. C'est le cas notamment de l'une des compilations saisonnières des Inrockuptibles, Un printemps 99. Un très bon cru. Outre des titres de Lee Hazlewood, Tom Waits, The Chemical Brothers ou Étienne Charry, pour ne citer que ceux dont j'ai déjà chroniqué un disque ici, j'y ai découvert deux très bonnes chansons, qui mériteraient sûrement de figurer dans un classement des meilleurs singles des années 1990 si jamais je m'aventurais à en faire un un jour (ce qui est très peu probable). Il s'agit d'Instant street de Deus et Superfreaky memories de Luna.

J'ai eu l'occasion de voir Deus en concert, mais ce n'était pas dans de bonnes conditions. C'était après le premier album, à Bourges, en 1995. J'étais fatigué, je ne suis pas "rentré" dans le concert et, comme souvent dans un festival où on papillonne d'une scène ou d'un bar à l'autre, je ne suis pas resté jusqu'à la fin.

Instant street est le single qui, en 1999, a annoncé la sortie de l'excellent album The ideal crash, enregistré en grande partie en Espagne. Il y a deux éditions différentes en CD. J'ai pris celle-ci, le CD 1, car je l'ai trouvée à un prix correct port compris, mais j'aurais mieux fait de tomber sur le CD 2 car il contient la version complète d'Instant Street, celle de l'album, qui dure plus de six minutes. A la place, il y a sur le CD 1 un Radio edit, qui coupe les deux dernières minutes de la chanson.
Or, s'il y a une chanson qui ne doit pas être coupée avant la fin, c'est bien Instant street. En effet, après une introduction avec ce qui doit être un banjo (ou un violon "gratté" comme ils le feront plus tard sur scène), la chanson comporte trois parties musicales différentes :

  • Les couplets, particulièrement marquants, presque autant qu'un refrain;
  • Le refrain, justement, avec un autre chanteur, excellent également, avec comme seul reproche un arrangement de cordes en fond dont on aurait pu se passer;
  • Et puis à 3'30 il y a un break et démarre alors une longue et exaltante partie principalement instrumentale (Les anglais appellent ça une "outro", par contraste avec une introduction, alors en français je propose qu'on se mette d'accord pour parler d'une "fintro").
La première moitié de la chanson est déjà excellente, mais c'est ensuite qu'elle "décolle" vraiment dans un grand moment d'énergie rock and roll positive. Alors vous vous doutez bien que la version Radio edit tronquée à 4'15 est des plus frustrantes !

Comme souvent quand la chanson est réussie, les paroles d'Instant street ne sont pas univoques. J'ai relevé plusieurs mots (crack, score, blow, clean) qui, dans un contexte ou dans un sens différent, pourraient se rapporter à la drogue. C'est peut-être à rapprocher de l'anecdote qui me plaît bien et qui serait en partie à l'origine de la chanson, ou en tout cas du "scénario" de la vidéo qui l'illustre : trois ans plus tôt, au Café d'Anvers (là même où la vidéo a été tournée), Tom Barman et Craig Ward de Deus avaient été arrêtés par la police qui les avaient pris pour des dealers...!

Instant street et The ideal crash ont été bien accueillis par la critique et ont accru la popularité de Deus, mais pas au point d'en faire de grosses têtes d'affiches.
En 2019, pour ses 20 ans, The ideal crash a été réédité avec un deuxième disque de titres rares ou inédits, parmi lesquels une version démo d'Instant street, avec une boite à rythmes, mais déjà très proche de la version finale. A cette occasion, le groupe a fait une tournée où il jouait l'album en entier.

Deux faces B précédemment inédites figurent sur ce CD, probablement issues des sessions de l'album, dont elles ont été écartées.
J'apprécie particulièrement Sam Peckinpah's daughter, qui est présentée sur la réédition de 2019 comme une démo (mais pas sur le single alors que c'est la même version). Il y a une partie de guitare au début qui, à première écoute, m'en a rappelé une d'Instant street. Cette chanson, qui a un petit côté Wire, fait partie de mes préférées de Deus.
You can't deny what you liked as a child est très bien aussi.

Deus a sorti un nouvel album cette année, How to replace it, et le groupe est actuellement en tournée. Si j'en crois les vidéos tournées au téléphone qui pullulent sur YouTube, ils jouent à chaque fois Instant street.




Deus, Instant Street, en direct dans l'émission De Plantage le 21 février 1999.


Deus, Instant Street, en direct dans l'émission Nulle Part Ailleurs sur Canal + en 1999.

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